Universalisme
L’universalisme postule qu’il existe un socle commun à toute l’humanité. Ce socle commun est constitué de besoins élémentaires (abri, soins médicaux, eau, nourriture, éducation), de motifs plus étendus de bien-être (avoir des relations sociales), de motifs de souffrance, de motifs de dignité, et d’au moins une propriété commune à tous les hommes : la Raison. L’universalisme fonde le projet scientifique de connaissance : quel que soit le pays d’appartenance, des hommes et des femmes de cultures, de langues, de religions, de régimes politiques différents se mettent d’accord pour valider (ou infirmer) ensemble des propos sur le monde réel en utilisant la Raison mise en œuvre dans le débat contradictoire, et éventuellement l’expérience scientifique sur le monde réel. Contrairement à ce qu’en disent ses ennemis, l’universalisme n’est pas nivelateur : ce n’est pas parce que nous identifions un socle commun à toute l’humanité qu’il n’existe pas de spécificités surajoutées ici ou là. Parler de socle commun n’est pas nier ce qui est spécifique. Un Bantou et un Inuit ont tous deux besoin d’eau. Reconnaître cela ne revient pas à nier leurs cosmogonies respectives. L’universalisme n’est pas un post-colonialisme au motif que ce serait une idée occidentale. Tout d’abord, ce n’est pas une idée qu’occidentale. Mais surtout, l’universalisme est ce que tous les hommes et toutes les femmes peuvent fournir comme meilleure arme à ceux d’entre eux ou d’entre elles qui sont opprimés pour soulever le joug qui est étreint.
L’universalité des besoins humains n’est pas une question de valeur, mais une question de faits : elle trouve son explication dans la biologie, la paléontologie, l’anthropologie, l’éthologie et l’ethnologie. Sa reconnaissance n’est donc pas négociable, sauf si l’on décide d’ignorer ce que disent les sciences qui travaillent sur l’histoire des êtres vivants, l’histoire des hommes et l’histoire des sociétés humaines.
Guillaume Lecointre, Dictionnaire de la Laïcité (2°édition)