Tolérance (Condorcet, 1791)
Condorcet, en 1791 :
« Chaque religion, dans le pays où elle dominait, ne permettait que de certaines opinions. Cependant, comme ces diverses croyances étaient opposées entre elles, il y avait peu d’opinions qui ne fussent attaquées ou soutenues dans quelques parties de l’Europe. […] Enfin, dans ces pays où il avait été impossible à une religion d’opprimer toutes les autres, il s’établit ce que l’insolence du culte dominateur osa nommer tolérance, c’est-à-dire une permission donnée par des hommes à d’autres hommes de croire ce que leur raison adopte, de faire ce que leur conscience leur ordonne, de rendre à leur dieu commun l’hommage qu’ils imaginent lui plaire davantage. »
Condorcet, Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, huitième époque, Paris, Flammarion, 1988, pages 198-199.
Lisons Condorcet, dressant le bilan des persécutions religieuses chez les protestants comme chez les catholiques :
« En Suède, au Danemark, l’établissement du luthéranisme ne fut, aux yeux des rois, qu’une précaution nécessaire pour assurer l’expulsion du tyran catholique qu’ils remplaçaient […]. L’intolérance religieuse était commune à toutes les sectes, qui l’inspiraient à tous les gouvernements. Les papistes persécutaient toutes les communions réformées ; et celles-ci, s’anathématisant entre elles, se réunissaient contre les antitrinitaires… »
Condorcet, Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, op. cit., page 196.