Hus, Jan (1371-1415)
Hus, Jan (1371-1415)
Précurseur tchèque de la réforme protestante, Jan Hus, né en Bohême, devient prédicateur dans la chapelle de Bethléem à Prague. Il dénonce un siècle avant Luther la corruption de l’Eglise et ses dogmes à ses yeux inutiles voire contradictoires avec les textes bibliques. Il préconise un retour à la seule Ecriture sainte, et une conduite conforme à la simplicité christique des origines, du moins telle qu’elle est présentée dans les Evangiles. Sous l’influence de John Wycliff, il propose des réformes de l’Eglise destinées à la recentrer sur sa vocation éthique et spirituelle, en rompant avec ses compromissions temporelles. Le salut selon lui ne peut se faire que par la foi et par la grâce, et non par les
œuvres. Et seule doit faire référence l’Ecriture (sola scripta) à l’exclusion des adjonctions théologiques ultérieures. Dès lors Jan Hus est conduit à remettre en question la primauté du pape.
Exaspéré par la collusion des nobles et des dignitaires catholiques, dont la richesse contraste avec la pauvreté du peuple, il s’en prend à eux. Il dénonce la vente des indulgences contre des espèces sonnantes et trébuchantes ou des actions militaires destinées à soumettre les princes et les rois au pape. En cherchant ainsi à susciter une mise en cause de la corruption il scelle son destin tragique. Accusé d’hérésie, il doit comparaître en novembre 1414 devant le concile de Constance. Celui-ci exige qu’il abjure ses conceptions. Il refuse en invoquant leur conformité avec les Ecritures : « Je ne rétracterai rien de ce que j’ai dit ou écrit, à moins que l’on ne me prouve que mes paroles sont en opposition avec la Parole de Dieu. » Jan Hus est alors condamné comme hérétique obstiné refusant toute autocritique. Il est condamné à être brûlé vif. Le 6 juillet 1415, Jan Hus est « réduit à l’état de laïc », c’est-à-dire dépouillé de son statut de prêtre, et conduit au bûcher. Le bourreau lui retire ses vêtements et le coiffe d’une mitre sur laquelle sont représentés des diables. Il est alors attaché au poteau du bûcher, et le bourreau met le feu aux fagots. Ses cendres seront dispersées dans le Rhin.
Dictionnaire amoureux de la Laïcité