Humanisme
Protagoras disait : « L’homme est la mesure de toute chose. » Une façon de réintégrer en l’homme le principe de toute évaluation, à la différence de ce que fait la religion. Telle pourrait être la première formulation de l’humanisme, en amont de celle de Pic de La Mirandole, qui tenta de la concilier avec la vision chrétienne, en mêlant le mythe de Prométhée et le mythe du péché originel sous l’égide du libre arbitre humain.
Des hommes instruits, capables de faire vivre les exigences rationnelles dans la conduite de leurs pensées comme de leurs actions, de les pousser au-delà de l’acquisition des connaissances dispersées vers une sagesse compréhensive, font le pari de l’humanisme et l’assument. La pensée humaine du sens est alors travaillée par le souci du vrai, et l’acquis de la culture humaine est célébré en même temps que développé.
Le soin de la mémoire et de la célébration, conjugué au maniement de symboles qui rendent sensibles les idéaux, correspond tout simplement à la dualité de l’humanité. A la fois sensible et mue par le sentiment d’une part, et soucieuse de rationalité d’autre part, cette humanité nourrit sa pensée des œuvres léguées par les générations antérieures.
Aristote disait que l’homme se divinise par la pensée. « L’homme est né pour deux choses : pour penser et pour agir en dieu mortel qu’il est. » L’humanisme ainsi assumé n’est pas plus opposable à la religion qu’il ne constitue une religion de substitution.
Henri Pena-Ruiz, Dictionnaire amoureux de la Laïcité