Danton, Georges Jacques
Avocat, homme politique, figure emblématique de la Révolution française, né le 26 octobre 1759 à Arcis-sur-Aube. C’était un orateur prodigieux, au physique de colosse lourd et laid, le visage abîmé par divers accidents et par la petite vérole, mais à l’intelligence vive et au caractère exubérant et jouisseur. Il avait, selon son contemporain Levasseur, une « voix de Stentor [qui] retentissait au milieu de l’Assemblée, comme le canon d’alarme qui appelle les soldats sur la brèche ». C’est lui qui essaie de mobiliser toutes les énergies lorsque la France est menacée aux frontières en août 1792, avec l’apostrophe célèbre : « Il nous faut de l’audace, toujours de l’audace et la France sera sauvée ! ». Sa légende en fait un personnage contradictoire : tantôt démocrate et patriote, tantôt tortueux, vénal et sans scrupule.
Il appartient à la moyenne bourgeoisie, fréquente le club des Cordeliers puis le club des Jacobins. Sa renommée grandit vite bien que ses activités soient alors un peu confuses. Le 31 janvier 1791, il est élu au département de Paris.
En juillet 1792, la France est menacée par les armées prussiennes et autrichiennes et l’Assemblée déclare la « Patrie en danger ». Dans la nuit du 9 au 10 août 1792 une Commune insurrectionnelle se met en place et déclenche une deuxième Révolution. Louis XVI est incarcéré. Le pouvoir est confié à un Conseil provisoire de six ministres dont le plus influent et le plus populaire est Danton. Il s’ensuit de graves répercussions religieuses justifiées par l’opposition active de l’église à la Révolution : les prêtres réfractaires sont bannis de France (30 000 ecclésiastiques), les couvents sont fermés ; on dissout les ordres religieux et les congrégations. Les monuments ecclésiastiques sont vendus, les églises spoliées. L’Assemblée autorise le divorce, laïcise l’état civil. Les suspects passent devant un Tribunal criminel extraordinaire et la répression est impitoyable. Girondins (Condorcet, Rolland) et Montagnards (Robespierre, Marat, Collot d’Herbois, Danton) s’affrontent. Danton, par ses discours, galvanise l’Assemblée jusqu’à Valmy qui arrête l’invasion des frontières. Cependant les massacres de septembre, dont Danton est rendu responsable, ont assombri cette période et après Valmy, il déclare que la patrie n’est plus en danger et abandonne ses fonctions de ministre.
Mais les menaces contre la République renaissent après l’exécution de Louis XVI et la Convention instaure un Comité de salut public et un Tribunal révolutionnaire pour juger les suspects.
Danton revient au gouvernement d’avril à juillet 1793 où il est membre du Comité de salut public. À cette date commence la seconde Terreur, où s’affrontent Enragés qui sont pour des jugements et des exécutions sommaires, et Indulgents – dont Danton –, lassés de la Terreur et des exécutions expéditives. « Je demande qu’on épargne le sang des hommes » a-t-il affirmé à la Convention. Il est un certain temps sur la même position que Robespierre, qui pense pouvoir s’appuyer sur lui pour enrayer le mouvement de déchristianisation et lutter contre les ultra-révolutionnaires. À ce moment, Danton se déclare favorable au salaire des prêtres dont le peuple, surtout dans les campagnes a besoin, dit-il. Cependant il comprend vite qu’une alliance avec Robespierre est illusoire quand ce dernier s’écrie : « Le gouvernement révolutionnaire doit voguer entre deux écueils, la faiblesse et la témérité, le modérantisme et l’excès ; le modérantisme qui est à la modération ce que l’impuissance est à la chasteté ; et l’excès qui ressemble à l’énergie comme l’hydropisie à la santé. » Les propres inclinations de Robespierre contre ce qu’il appelle le modérantisme et les manœuvres des ennemis de Danton conduisent à l’arrestation de ce dernier et il est guillotiné le 5 avril 1794.
J.P. Dictionnaire de la Laïcité (2°édition)