Croix-Rouge
La Croix-Rouge est née en 1863 de l’initiative d’Henri Dunant (1828-1910). Deux guerres terribles viennent juste de prendre fin : la guerre de Crimée (1854-1856) et la guerre d’Italie (1859). Elles marquent un tournant militaire avec l’utilisation d’armes nouvelles : obus, boulets explosifs qui provoquent des blessures jamais vues.
Henri Dunant arrive sur le champ de bataille de Solférino (24 juin 1859) juste après l’affrontement. Le spectacle est terrible : près de 40 000 morts et blessés enchevêtrés et abandonnés. Il improvise des secours aux blessés. En 1862, il publie un livre : Un souvenir de Solférino, dans lequel il propose la conclusion d’un traité portant sur la neutralisation des services militaires sur le champ de bataille et la création dans chaque pays de sociétés de secours permanentes pour l’assistance aux blessés de guerre. Le 17 juillet 1863 il crée avec quatre amis genevois, le Comité international de la Croix Rouge (CICR), une organisation internationale et neutre destinée à secourir les victimes de guerre.
Le 26 octobre 1863, le Comité réunit une conférence internationale, composée de 16 États. Le 22 août 1864 est signée la première Convention de Genève « pour l’amélioration du sort des militaires blessés dans les armées en campagne » : les blessés doivent être soignés, sans distinction de nationalité ; la neutralité des personnels et des établissements sanitaires est signalée par le signe distinctif d’une croix rouge sur fond blanc.
D’autres conventions vont lui succéder qui améliorent la protection des victimes de guerre, combattants et civils. Les textes adoptés en 1949, en réaction aux errements et aux amitiés douteuses du mouvement (ses dirigeants, liés par des intérêts financiers à l’Allemagne nazie, avaient fermé les yeux sur les camps de concentration), permettent au CICR de visiter tous les camps de prisonniers de guerre et de s’entretenir sans témoin avec les prisonniers. Elles imposent de traiter humainement les prisonnier, fixe des obligations sanitaires corporelles et nutritionnelles. Elles exigent le respect de la religion des prisonniers ; elles codifient le traitement des populations prises dans un conflit qui ne peuvent être pris en otage ni être victimes de représailles, ni faire l’objet de punitions collectives. Les armées d’occupation doivent assurer leur protection et n’ont le droit ni de les déporter, ni d’implanter des colons civils sur ces territoires.
La violation des dispositions suivantes constitue une « infraction grave » : l’homicide volontaire, la torture, le traitement inhumain, les atteintes graves à l’intégrité physique, psychique, et à la santé, la déportation, la détention illégale, la contrainte à servir dans une armée ennemie, la prise d’otage, la destruction de biens sans justification militaire, le non-respect du droit à être jugé régulièrement. Deux Protocoles additionnels de 1977 concernent la protection des victimes lors des conflits internationaux mais également celles des peuples qui se battent « contre la discrimination coloniale et l’occupation étrangère et contre les régimes racistes dans l’exercice du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Au vu de l’histoire et de l’actualité on peut mesurer le chemin qui reste à parcourir.
Dès sa création, la Croix Rouge est dotée d’un emblème, destiné à protéger les personnes qui l’arborent, une croix rouge sur fond blanc, couleurs inversées du drapeau suisse. Depuis, de multiples symboles ont coexisté.
En 1876, l’Empire ottoman conteste le choix d’une croix et déclare qu’il utilisera le croissant rouge sur fond blanc qui sera reconnu en 1929. En 2005, est créé l’emblème du cristal rouge (carré rouge posé sur la pointe sur fond blanc), pour éviter toute interprétation de connotation religieuse ou politique pouvant gêner l’intervention du Mouvement. Ses principes de neutralité et d’impartialité sont réaffirmés. Il y a donc trois emblèmes officiels, déclarés sans connotation religieuse, ethnique, raciale, régionale ou politique.
Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge (MICR) comprend le CICR et la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FISCR) dont sont membres 181 sociétés nationales. La Fédération internationale, née en 1919 pour faciliter la collaboration entre les différentes sociétés, est devenue FISCR en 1991.
Le CICR intervient en faveur des prisonniers de guerre et des combattants, la FISCR s’est donné pour principal objectif d’améliorer la santé des populations ayant souffert de faits de guerre ou victimes de catastrophes, avec le souci « de défendre les valeurs individuelles et collectives qui favorisent le respect mutuel parmi les communautés humaines et la volonté de rechercher ensemble des solutions aux problèmes ».
Même si la Croix-Rouge ne se réfère pas à la laïcité, elle affirme lier son intervention à une stricte neutralité, en dehors de toute connotation ethnique ou religieuse.
J.P. Dictionnaire de la Laïcité (2°édition)
Véronique Harouel, Histoire de la Croix-Rouge, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1999.