Bioéthique
Elle vise à définir un code de « bonnes pratiques morales » pour éviter toutes dérives de la clinique et de la recherche tout en permettant à chacun de bénéficier des connaissances les plus actuelles en médecine et en biologie. Elle s’appuie sur plusieurs grands principes intangibles : le respect de la dignité de la personne humaine, le respect de son autonomie et de son inviolabilité, la « non marchandisation » ou instrumentalisation du corps humain, la bienfaisance (d’abord ne pas nuire), les valeurs de justice, d’égalité et d’équité qui fondent la démocratie, la responsabilité sociale et le respect des libertés individuelles. Née au lendemain du procès de Nuremberg (1946-1947) et de la condamnation des médecins nazis pour « crimes de guerre médicaux » qui a eu pour conséquence la codification des principes de l’expérimentation humaine, la bioéthique est une discipline en perpétuelle évolution. Aussi faut-il, régulièrement, revoir, corriger actualiser les règles qu’elle définit. C’est dans cette perspective que la France, la première, crée en 1983 le Comité Consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE), puis que sont votées, en 1994, les lois de bioéthiques. Révisables tous les cinq ans, ces lois ne sont cependant revenues devant le Parlement qu’en 2004 et en 2011. Il n’est nullement envisagé qu’elles soient à nouveau examinées avant la fin de la législature 2012-2017. Les deux questions essentielles que doivent se poser députés et sénateurs ne sont-elles plus d’actualité ? La législation en vigueur est-elle toujours en concordance avec la morale et les mentalités d’aujourd’hui ? Permet-elle aux soignants et aux chercheurs sans cesse confrontés à de nouvelles problématiques autour de la naissance et de la mort, d’exercer dans le respect de la dignité de la personne ?
Leurs réponses, comme les avis du CCNE où siègent des personnalités qualifiées et nommées pour représenter les principaux courants de pensée religieux et philosophiques, doivent à tout le moins, respecter le principe de laïcité.
Est-ce toujours le cas ? Certains se le demandent surtout quand, par exemple, on envisage l’accès à la procréation médicalement assistée (PMA) pour des couples homosexuels dans le cadre du « mariage pour tous ». Au nom de quoi peut-on s’y refuser ? Pour protéger l’enfant à naître et son bien-être psychique ou pour ne pas remettre en cause le dogme (d’essence religieuse) qui veut qu’un enfant ne puisse naître et s’épanouir que dans un foyer où le couple est formé par une femme (sa mère) et un homme (père), unis ou non par les liens du mariage ? Par souci d’égalité, car si l’on autorise la PMA pour les femmes homosexuelles, ne devra-t-on pas admettre dans le même temps le recours à la gestation pour autrui (GPA) – les « mères porteuses – pour les couples d’hommes homosexuels ?
Même si la « pression sociale » constitue un contrepoids efficient, le poids des religions – qui parfois se confond avec la tradition – est encore bien réel quand la bioéthique cherche à édicter des règles dans des domaines tels que le diagnostic pré-implantatoire, la PMA, la GPA, voire quand elle aborde la légalisation de l’euthanasie médicale et du suicide médicalement assisté ou les limites en matière de recherche sur les cellules souches et le clonage reproductif.
Science de l’homme au carrefour de la médecine, de la biologie, du droit et de la philosophie, la bioéthique à condition qu’elle respecte strictement le principe de laïcité, a un caractère universel : elle est l’un des piliers fondamentaux d’une citoyenneté responsable et à ce titre concerne chacun d’entre nous.
Marc Horwitz . Dictionnaire de la Laïcité (2°édition)